Frederic Bolax, une cuisine épicée

Physique

Frédéric, dit Fred, c'est tout d’abord une coupe de cheveux. Oui, parce qu'une coiffure comme celle-ci ne se fait pas avec un simple coup de peigne. Non, il faut du temps pour la mettre en place. De la dextérité. Et un amour capillaire prononcer. Bah, oui, si cet amour n'existe pas, qui s'enquiquinerait à perdre tant de temps et d'énergie dans une réalisation complexe de la mise en place de cette coiffe ? Je vous la pose la question.

Ensuite, c'est un regard. Un regard froid, sans radiateur, ni même un feu de camp. Un regard qui n'inspire pas la sympathie. Un regard passé du côté obscur de la force. Des yeux marron qui peuvent envoyer promener Chuck Norris.
Et pour finir, c'est un corps. Car sans corps, tu es mort. Mais quel corps ! Un corps qui envoie du pâté armé d'une fronde appelé Thierry. Ouais, bon, ça veut rien dire. Du caviar alors. Un corps d'une musculature sèche et prononcée. Un corps criblé de cicatrices. Un corps qui dit "j'ai combattu". Un corps souvent mis en situations délicates.

Mixez le tout, ça ne vous fera pas d'escargot tout chaud. Mais un jeune homme d'une vingtaine d'années.
Caractère

Strict, comme ses cheveux. Il aime que chaque chose soit à sa place. Tout doit être carré. Avec des angles bien droits, de quatre-vingt-dix degrés. Pas un de plus, pas un de moins. Ses habits sont tous parfaitement repassés, pliés, rangés dans des housses. D'une propreté irréprochable.

Froid, comme son regard. Il ne se montrera jamais chaleureux, romantique, attentionné. C'est à peine s'il vous parlera, s'il ne le juge pas nécessaire. Pour l'économie, il économisera sa salive chaque fois que possible. Pas de "je suis enchanté de faire votre connaissance. Je me nomme Frédéric Bolax". Vous aurez le droit à "Fred". Pas un mot de plus. Pas de moins, sinon, c'est le silence. Silence qu'il affectionne. La meilleure mélodie pour ses oreilles.

Comme son corps, charcuté. Et chez Charal, s'il vous plaît. Si vous avez de la chance qu'il délaisse un tant soit peu sa froideur, vous pourrez ressentir une maladie baptisée Solitude. Des pensées tournées vers le passé.

Ajoutez à cela une pincée méfiance, et vous pouvez déguster. Bon appétit !

Histoire

L'histoire de Frédéric est un véritable conte de fées pour savant fou et tordu du ciboulot. Une histoire pleine d'amour. Tu trouves ? Ah bon.

Une vingtaine d'années en arrière, dans un hangar désaffecté, une femme, les pattes écartées, pleure sa douleur provoquée par l'éjection d'un produit fabriqué neuf mois durant. Une petite chose née de l'union d'une femme, et d'un homme. Une union ponctuée d'un amour heureux et inexistant. Un médecin de famille s'acharne à mettre au monde ce bambin. Sa santé ? Il s'en fout sa pudeur. Il sort, de gré ou de force. Le décor est planté, le climat est créé, Frédéric Bolax est arrivé à bon port, à Holnon, près de la ville de Saint-Quentin, en Picardie. Une question subsiste toutefois. Que faire de cette chose inutilisable? Une décoration? Trop d'entretient. Un pot de chambre? Ne fonctionnera pas. Une arme?

Les semaines passent, les mois, et les années. Frédéric fut élevé avec l'intention d'en faire un assassin, un terroriste et divers métiers d'artiste comme le vol ou le raquette. Il apprit les arts martiaux, le maniement des armes, et fut mis à contribution dès qu'il en eut l'âge. Quelques beignes en contributions, ça ne fait jamais de mal et cela forme la jeunesse. Pour ses quinze printemps, il s'est vu offrir un pinceau de choix. Un Walther P 99, calibre neuf millimètres. Quinze balles dans le chargeur. Quand il sut que son héros de cinéma portait le même, il ne s'en séparait plus, allant jusqu'à le glisser sous son oreiller pour la nuit. Il apprit à s'habiller de sorte que la crosse ne soit pas visible, à le cacher et dégainer rapidement.

Dix-huit ans. Une usine à pognon pour ses géniteurs. Pas de maman. Pas de papa. Un monsieur et une madame. Il a toujours été dit que ses parents sont mort dans un accident de voiture, et qu'un charmant couple le trouva abandonné. Par pitié, ils le prirent sous leur aile. Vous y croyez ? Fred non plus. Mais ça lui fait une belle jambe, de bonne facture. Il fait de l'argent, à la manière de son héros cinématographique. C'est tout.

Vingt ans. Il rencontra la mort en rentrant chez lui. Ravie de te connaître. Cette ravissante personne lui a enlevé ses propriétaires. Pas d'indices. Une chose à faire. Prendre papiers et argent, changer de pays.

C'est en Italie qu'il choisit d'aller. Beau pays. Mais ses ressources financières, aussi alléchantes sont-elles, finiront par s'épuiser. Il lui faut s'installer, et travailler. Honnêtement, le temps de se mettre à l'ombre. Ardenza semble l'endroit idéal.